JLE

Médecine thérapeutique

MENU

Les plantes transgéniques et la résistance aux antibiotiques Volume 4, numéro 9, Novembre 1998

Auteur

L’émergence de bactéries pathogènes résistantes à de nombreux antibiotiques depuis plus d’une décennie est un problème inquiétant à la fin du xxe siècle. Cela explique que l’opinion publique et les scientifiques soient aujourd’hui, à juste titre, préoccupés par l’apparition et la large utilisation des plantes transgéniques porteuses de gènes de résistance aux antibiotiques pouvant entraîner des risques pour la santé humaine et pour l’environnement [1-4]. Ce point fait l’objet de débats, parfois passionnés, dont les enjeux sont d’une importance capitale pour l’avenir. Une des questions posées est celle du risque potentiel, entraîné par la culture et la consommation de plantes transgéniques, d’aggravation du phénomène de résistance aux antibiotiques des bactéries pathogènes ou des bactéries de l’environnement. L’avenir laisse entrevoir de nouveaux progrès techniques et de nouvelles générations de plantes transgéniques d’ici 5 à 10 ans : des plantes sans gènes de résistance grâce à des techniques d’excision [79], des plantes qui n’exprimeraient les gènes d’intérêt que dans certaines conditions d’agression (en utilisant des promoteurs "modulables"), ou encore des plantes où les transgènes seraient inclus dans les chloroplastes, ce qui réduirait la dissémination des gènes par pollinisation [80]. Les plantes transgéniques comportent potentiellement des risques, en dehors des antibiotiques, incluant des conséquences pour certains écosystèmes microbiens ou autres (comme, d’ailleurs, les pesticides ou les engrais...), des allergies et des flux de gènes à des espèces végétales proches par pollinisation [81, 82]. La conscience de ces risques et le bon sens suggèrent donc de faire une analyse au cas par cas pour chaque plante transgénique qui pose un problème spécifique, d’étudier sur le terrain les conséquences que peuvent avoir ces cultures et d’exercer une "biosurveillance". Les consommateurs sont aussi en droit de savoir ce qu’ils mangent, ce qui signifie identifier clairement les filières de distribution des aliments. Tout ceci a été souligné par la récente Conférence des citoyens qui a eu lieu à Paris en juin 1998. Il convient d’ajouter qu’il faut s’en tenir aux faits scientifiques publiés dans les revues scientifiques internationales et soumis à la critique scientifique, et éviter les polémiques stériles. Plus de Science, moins d’idéologie, et le progrès contrôlé suivra.