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Hématologie

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Myélome multiple et gammapathies monoclonales idiopathiques : cytogénétique, contenu en ADN et fluorescence in situ après hybridation (FISH) Volume 2, numéro 3, Mai - Juin 1996

Auteurs
1Laboratoire d'hématologie, hôpital Calmette, 59037 Lille Cedex.

L'étude cytogénétique conventionnelle du myélome multiple visualise une anomalie chez 50 % des patients au diagnostic et 75 % des patients en reprise évolutive de la maladie. Un caryotype anormal est cependant retrouvé deux fois plus souvent au stade III qu'au stade I. Il s'agit en général d'un caryotype complexe, mélange d'anomalies numériques et structurales. Les chromosomes 9, 3, 19, 15, 11, 13 et 8 sont les plus fréquemment gagnés ou perdus. Les anomalies structurales se retrouvent dans presque tous les caryotypes, qu'ils soient hyperdiploïdes, hypodiploïdes ou pseudodiploïdes, et les chromosomes 1, 7, 11, 14 et 19 sont les plus fréquemment impliqués. Il n'existe pas d'anomalie constante et spécifique du myélome multiple, bien que des sous-groupes cytogénétiques se dessinent : celui avec t(11;14) (q13;q32) et celui avec t(1;16) notamment. La découverte d'une anomalie cytogénétique est en soi un facteur de mauvais pronostic, plus encore lorsque le caryotype est hypodiploïde. Cependant, cette valeur pronostique n'est pas indépendante si on la confronte à l'index de prolifération plasmocytaire et aux paramètres de masse tumorale. L'emploi de colorants spécifiques de l'ADN permet la mesure précise du contenu du noyau plasmocytaire dans le myélome multiple, soit par cytofluorométrie de flux, soit par analyse d'image. Cette aneuploïdie est retrouvée chez plus de 87 % des patients au diagnostic, indépendamment du stade de Durie et Salmon : un contenu anormal en ADN existe donc au stade indolent de la maladie aussi bien qu'au stade agressif. La valeur pronostique de l'aneuploïdie fluctue selon les séries de la littérature. Les techniques de fluorescence in situ après hybridation (FISH) permettent de visualiser des anomalies quantitatives et de préciser quels chromosomes sont surnuméraires ou perdus. Elles montrent une anomalie chez près de 90 % des patients. Ces résultats recoupent à la fois ceux de la mesure globale du contenu en ADN par le nombre de patients anormaux, et ceux de la cytogénétique conventionnelle par la nature des chromosomes impliqués. Les méthodes de mesure du contenu en ADN et de fluorescence in situ après hybridation montrent que 60 % des patients ayant une gammapathie monoclonale idiopathique ont des plasmocytes aneuploïdes, et que les anomalies numériques observées sont les mêmes que celles du myélome multiple. Ces résultats confirment que les gammapathies monoclonales de signification indéterminée sont un véritable état prétumoral, bien qu'il ne soit pas encore possible aujourd'hui de préciser lesquels des patients étudiés évolueront ou non vers un myélome multiple. L'emploi concomittant des différentes méthodes décrites ci-dessus est souhaitable pour définir le véritable statut cytogénétique des patients ayant un myélome multiple. Sachant qu'au moins 90 % des patients ont une anomalie, les cytogénéticiens doivent encore affiner leurs techniques d'étude car elles seules donnent actuellement à la fois la totalité des anomalies numériques et structurales. Il serait utile de comparer les anomalies de la phase indolente de la maladie avec celles de la phase agressive. La découverte d'anomalies numériques dans les gammapathies monoclonales de signification indéterminée montre que les gains ou pertes de chromosomes ne sont pas responsables d'une maladie agressive : existe-t-il des anomalies structurales dans les gammapathies monoclonales de signification indéterminée ?