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Hématologie

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Le syndrome de Scott : un témoin de l'importance des phospholipides dans les réactions de la coagulation et une référence pour une nouvelle approche pharmacologique du risque thrombotique Volume 2, numéro 2, Mars - Avril 1996

Auteurs
Institut d'hématologie et immunologie, faculté de médecine, 4, rue Kirschleger, 67085 Strasbourg Cedex.

Le Syndrome de Scott ou « Scott syndrome », du nom de la première patiente observée, est un désordre hémorragique très rare qui confirme le rôle essentiel des phospholipides anioniques procoagulants dans les réactions de l'hémostase. Les phospholipides anioniques, principalement la phosphatidylsérine, sont nécessaires à l'assemblage des complexes enzymatiques caractéristiques du système de la coagulation à la surface de la plaquette activée et des microparticules qu'elle émet. Ces phospholipides sont séquestrés dans le feuillet interne de la membrane plasmique de la cellule « au repos ». Chez les patients « Scott », l'externalisation de la phosphatidylsérine et la vésiculation sont considérablement réduites. Le dépistage récent d'un Scott syndrome familial démontre que le déficit d'exposition de phosphatidylsérine est la conséquence d'un défaut d'expression d'élément(s) protéique(s) fonctionnel(s) associé à une atteinte génétique. Le propositus, qui présente des hémorragies provoquées, serait de type homozygote. Ses enfants, cliniquement asymptomatiques, seraient de type hétérozygote. Le phénotype « Scott » est retrouvé sur les plaquettes, les globules rouges et les lymphocytes de ces sujets. Leur déficit fonctionnel a pu être diagnostiqué par l'évaluation de la prothrombine résiduelle dans le sérum. Le défaut d'exposition de phosphatidylsérine et de vésiculation a été quantifié et analysé par dosage enzymatique et cytométrie en flux. Ainsi, les enfants présentent un degré d'externalisation de phosphatidylsérine et de vésiculation intermédiaire entre celui du propositus et celui du sujet sain. Le déficit résulterait de l'altération de l'expression ou du fonctionnement d'un transporteur membranaire de phosphatidylsérine ou de l'un ou plusieurs de ses éléments régulateurs. L'étude fonctionnelle et moléculaire du Scott syndrome devrait permettre de mieux comprendre les mécanismes qui gouvernent les mouvements transmembranaires de phospholipides aussi appelés flip-flop et leur lien avec la vésiculation. La caractérisation du transporteur de phosphatidylsérine et l'étude de sa régulation est une étape décisive pour le développement d'une nouvelle approche pharmacologique du risque thrombotique fondée sur le contrôle de l'exposition de phosphatidylsérine à la surface plaquettaire et de la vésiculation membranaire.