JLE

Hématologie

MENU

Les anticorps anti-facteur VIII chez l'hémophile Volume 7, numéro 3, Mai - Juin 2001

Auteur
Laboratoire d'hématologie, hôpital cardiologique, bd du Pr-J.-Leclercq, centre hospitalier régional universitaire, 59037 Lille cedex.

Les anticorps anti-facteur VIII (F VIII) apparaissent chez 15 à 30 % des hémophiles sévères, en général précocement, dans les 50 premiers jours d'exposition aux concentrés de F VIII dont ils compromettent l'efficacité. Le risque est environ quatre fois plus faible chez les hémophiles modérés ou mineurs. Ces anticorps sont dirigés contre plusieurs sites de la molécule de F VIII, situés sur la chaîne lourde (en particulier le domaine A2) ou la chaîne légère (domaine C2 surtout ou domaines A3 ou C1). Les inhibiteurs anti-C2 ont probablement une importance particulière puisque ce domaine contient également un site de liaison au facteur Willebrand et aux phospholipides. Parmi les facteurs de risque génétique à prendre en considération figurent le type de mutation du gène du F VIII (en particulier inversion de l'intron 22 dans l'hémophilie sévère, mutations ponctuelles dans l'hémophilie modérée ou mineure), les facteurs ethniques et les antigènes de classe II du système majeur d'histocompatibilité. Le type de concentrés de F VIII utilisés chez les patients peut aussi exercer une certaine influence d'autant que les produits diffèrent entre eux par certaines caractéristiques : présence ou non de vWF, affinité aux phospholipides, génération de F Xa. Des modifications de structure induites par certains procédés d'inactivation virale appliqués à des concentrés de F VIII plasmatiques ont ainsi pu induire une brusque augmentation du nombre des inhibiteurs chez des hémophiles déjà largement exposés aux fractions anti-hémophiliques (Belgique, Pays-Bas, Allemagne). En dehors de cette situation particulière, si l'incidence des inhibiteurs anti-F VIII chez les hémophiles sévères traités exclusivement par produits recombinants est de l'ordre de 30 %, des valeurs d'incidence plus faibles semblent avoir été obtenues avec certains produits plasmatiques. Les données actuelles ne permettent cependant pas de trancher définitivement la question. D'autres facteurs comme l'utilisation successive de plusieurs types de concentrés, leur séquence ou leur mode d'administration doivent aussi être examinés.