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Hématologie

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Syndrome de relargage cytokinique après allogreffe de cellules souches haplo-identiques Volume 26, issue 1, Janvier-Février 2020

Les progrès récents de l’allogreffe de cellules souches haplo-identiques, via l’administration post-greffe de cyclophosphamide (PTCy) et l’utilisation croissante de greffons de cellules souches périphériques (CSP), ont permis d’élargir les indications de cette procédure thérapeutique [1]. Cependant, l’utilisation de CSP s’associe à une incidence importante d’état fébrile (45 %), probablement en lien avec un syndrome de relargage cytokinique (CRS) dans les 72 h post-greffe [2]. Les auteurs de cette étude rétrospective ont étudié l’incidence du CRS et les potentiels facteurs de risque associés après allogreffe haplo-identique de CSP avec administration de PTCy [3].

Entre octobre 2013 et septembre 2017, 146 patients allogreffés de CSP haplo-identiques ont été inclus dans cette étude. Les patients recevaient du PTCy à la posologie de 50 mg/kg à J+3 et J+4. L’âge médian des patients était de 63 ans (27-78) et 36 % de la population était de sexe féminin. 89 % des patients (n = 130) ont présenté de la fièvre entre le jour de la greffe (J0) et J+5 ; et la fièvre s’amendait dans les 24 h suivant la seconde administration de PTCy. Un CRS intermédiaire (grade 0 à 2) était observé chez 121 patients tandis qu’un CRS sévère (grade 3 à 5) était documenté chez 17 % des patients (n = 25). Parmi les patients ayant présenté un CRS sévère, 76 % des patients (n = 19) développaient une insuffisance rénale aiguë, 48 % (n = 12) étaient dialysés, 64 % (n = 16) avaient recours à une oxygénothérapie et 42 % (n = 11) étaient intubés.

Avec un suivi médian de 816 jours, les délais médians de reconstitution granuleuse et plaquettaire étaient respectivement de 18 jours (12-98) et 28 jours (11-202). Les patients atteints de CRS sévères présentaient des délais significativement augmentés de reconstitution hématopoïétique (respectivement HR 0,48, 95 %CI : 0,32-0,71 ; P < 0,001 et HR : 0,38, 95%CI : 0,23-0,61 ; P < 0,001). L’incidence de la mortalité non liée à la rechute (NRM) était de 18 % à deux ans (95%CI : 11-24 %), avec une augmentation significative chez les patients atteints de CRS sévères (38 %) en comparaison aux patients présentant un CRS intermédiaire (8 %) (HR : 3,97, 95 %CI : 1,77-8,90 ; P < 0,001). Les taux de survie globale et sans progression étaient respectivement de 58 % et 45 % à deux ans, sans impact significatif du grade du CRS.

En termes de facteurs de risque, la survenue d’un CRS sévère était associée à un âge > 60 ans (OR : 2,4, 95 %CI : 0,83-6,75 ; P = 0,11) et à la réalisation antérieure d’une radiothérapie (OR : 3,85, 95 %CI : 1,32-11,24 ; P = 0,01). En revanche, la survenue d’un CRS était indépendante du disease risk index (DRI) et de la richesse en CD34 ou en CD3 au sein du greffon de CSP.

En conclusion, cette étude rétrospective révèle que 90 % des patients présentent un CRS au décours d’une allogreffe haplo-identique de CSP avec administration de PTCy. Cependant, seulement 17 % des patients présentaient un CRS sévère, avec une survie globale alors de 50 % à 6 mois de la greffe. Enfin, la survenue d’un CRS sévère s’associe à une augmentation significative de l’incidence de NRM après la greffe.

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