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Journal de Pharmacie Clinique

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Mise au point d’une méthode quantitative de dosage de l’époétine bêta par spectrométrie de masse Volume 27, numéro 3, juillet, août, septembre

Auteurs
Laboratoire de pharmacocinétique clinique EA 2968, Université Victor-Segalen–Bordeaux-II et pharmacie, Hôpital Haut-Lévêque, CHU de Bordeaux, Bordeaux, Université de Bordeaux, UMR 5248 CNRS, Université Bordeaux-I, ENITAB, Institut européen de chimie et de biologie, Pessac

L’époétine bêta est une glycoprotéine humaine recombinante qui permet de corriger l’anémie des patients dialysés. Administrée à des doses de 30 000 à 60 000 UI/semaine, l’époétine bêta a montré récemment un intérêt dans la prévention et le traitement de l’anémie induite par la chimiothérapie anticancéreuse des adultes atteints de tumeurs solides et liquides. La mise au point d’une méthode analytique sensible et spécifique s’impose pour individualiser et optimiser les traitements chez les patients non répondeurs, mais aussi chez les répondeurs pour déterminer les doses d’entretien efficaces. Nous avons développé une stratégie nouvelle qui repose sur une analyse par spectrométrie de masse de l’époétine bêta isolée après déplétion des protéines plasmatiques majeures, puis clivée par une protéase avant une dérivation chimique utilisée pour son dosage quantitatif. La première étape d’enrichissement de l’époétine bêta à partir de plasma humain est réalisée sur colonne d’affinité pour éliminer les sept protéines majoritaires du plasma (HU-7, Agilent Technologies). La fraction enrichie en époétine bêta est dessalée et purifiée par chromatographie à polarité de phase inversée avant digestion par la trypsine. Pour quantifier l’érythropoïétine (EPO), les peptides trypsiques obtenus sont marqués sur les lysines (incrément de 68,03 Da par résidu modifié). L’époétine bêta, digérée par la trypsine puis modifiée par le même réactif portant une étiquette isotopique (incrément de 72,06 Da), sert de standard interne pour la quantification absolue. Dans une phase de mise au point, l’analyse a été menée d’abord en mode d’ionisation MALDI. Ensuite, l’analyse avec un spectromètre ESI-Q-TOF a révélé trois peptides marqués, dont un servant de base pour la quantification. Cette stratégie d’analyse quantitative présente deux intérêts majeurs : il n’est pas nécessaire de disposer d’un peptide synthétique marqué de référence et cette méthodologie est transposable au dosage plasmatique d’autres médicaments protéiques.