JLE

Cahiers d'études et de recherches francophones / Santé

MENU

Approche socioanthropologique de la tuberculose à Mopti (Mali) : représentations populaires et recours thérapeutiques en cas de tuberculose Volume 19, numéro 2, avril-mai-juin 2009

Auteurs
Sciences de l’homme pour l’aide à la décision, à l’action et à l’évaluation des interventions (SHADEI) centre Muraz 01 BP 390 Bobo-Dioulasso 01 Burkina Faso, Centre national d’appui à la lutte contre la maladie (CNAM) Mali, ESP-ULB campus Erasme route de Lennik 808 1170 Bruxelles Belgique, Institut de recherche en sciences de la santé (IRSS) 03 BP 7192 Ouagadougou 03 Burkina Faso

Les réponses thérapeutiques apportées jusqu’ici à la tuberculose, en Afrique de l’Ouest ne suffisent pas à faire face à l’ampleur de cette maladie, à ses impacts négatifs sur les individus et sur les nations. C’est dans ce contexte que le projet de recherche-action Foresa 3 a vu le jour, proposant de mettre un programme multidisciplinaire, multisite et multi-institutionnel en œuvre qui fasse la promotion de l’approche centrée sur le patient (ACP). Ce projet expérimental, couplant un volet santé publique et une étude socioanthropologique, a été réalisé à Mopti (Mali). L’objectif était d’analyser la situation et les réponses locales avant l’intervention de Foresa afin d’orienter les actions et d’en faciliter l’évaluation. Plusieurs techniques de collecte des données (entretiens individuels, focus group, observations) ont été combinées au cours de cette recherche qualitative. L’enquête montre que la tuberculose est appelée « toux blanche », « grande toux » ou « toux qui dure » en langue bambara, dogon et fufulbé. Cette maladie est perçue comme hautement transmissible, et cela se passe par le contact avec des corps ou des objets souillés. Les représentations populaires en font une maladie grave, contagieuse, héréditaire, honteuse ou résultant de transgression de normes sociales. Pour prévenir la tuberculose, les individus prennent diverses mesures qui consistent à se tenir à l’écart des facteurs causaux par lesquels l’infection est censée se transmettre. De même, les recours thérapeutiques sont fortement dépendants de la causalité : dans l’ordre, les recours les plus fréquents demeurent l’automédication, les tradithérapeutes et le recours au centre de santé. La résolution des problèmes liés à la recrudescence des cas de tuberculose et à leur traitement tardif, nécessite donc la dynamisation de cadres de concertation entre les acteurs de la lutte contre la tuberculose autour de la question de la causalité, de la place du patient dans le système de soin et de la considération des savoirs mobilisés dans le traitement.