JLE

Bulletin du Cancer

MENU

La méthylation des gènes suppresseurs de tumeur dans les cancers des voies aérodigestives supérieures : quelle signification clinique ? Volume 94, numéro 2, Février 2007

Auteurs
Service ORL et Chirurgie cervicofaciale, Centre d’innovation en biologie, CHU, Pavillon B, 38043 Grenoble Cedex 09, Inserm, Université Joseph-Fourier U578, Institut Albert Bonniot, rond-point de la Chantourne, 38700 La Tronche

Au cours de la transformation maligne, la cellule accumule des anomalies épigénétiques qui n’affectent pas la séquence d’ADN mais qui sont transmissibles au cours des divisions et modifient l’expression des gènes. Parmi ces anomalies, la méthylation des îlots CpG au niveau des promoteurs des gènes suppresseurs de tumeurs (ST), qui inhibe leur transcription, est un mécanisme d’inactivation aussi fréquent que les pertes d’allèles ; le profil de méthylation (ou ensemble des gènes méthylés dans une tumeur), comme les pertes d’hétérozygotie, varie beaucoup en fonction du type histologique. Dans les cancers des voies aérodigestives supérieures (carcinomes malpighiens de la cavité buccale, du larynx et de l’oro-hypopharynx), 19 gènes ont été analysés dont 5 sont très fréquemment méthylés : p16, ECAD, DAPK, MGMT et TIMP3. La technique d’analyse des méthylations de l’ADN par traitement au bisulfite puis amplification par PCR est suffisamment sensible et spécifique pour permettre de détecter ces anomalies, au niveau des liquides biologiques qui drainent la tumeur ou au niveau de l’ADN tumoral circulant. Dans les cancers des voies aériennes supérieures, on trouve une excellente corrélation entre le profil de méthylation dans la tumeur et dans la salive, un résultat qui permet d’envisager l’analyse de ces anomalies pour la détection précoce de ces cancers chez des sujets à risque ou pour la surveillance des malades après traitement et le diagnostic rapide de la rechute. Le profil de méthylation dans une tumeur pourrait aussi refléter son pronostic et aider au diagnostic en cas d’examen anatomopathologique difficile. Enfin, la méthylation de l’ADN est réversible sous l’effet d’agents déméthylants, ce qui ouvre des perspectives thérapeutiques nouvelles, en combinaison avec les drogues classiques.