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Bulletin du Cancer

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Stress psychologique en oncologie : le rôle des glucocorticoïdes Volume 93, numéro 7, Juillet 2006

Auteur
Psychiatre, Institut Jules-Bordet, Clinique de Psycho-Oncologie, 121, boulevard de Waterloo, 1000 Bruxelles

Les dernières années ont vu croître l’intérêt et la recherche dans le domaine des corrélations entre processus biologiques, adaptation psychologique et troubles de stress dans la littérature générale. En psycho-oncologie, en revanche, les modèles conceptuels et les études de leur validation restent relativement limités. Sur la base de nos observations et de la littérature disponible en relation avec les troubles de stress, dépressifs et post-traumatiques en oncologie, nous avons proposé d’appliquer le modèle de la charge allostatique à l’expérience psychique du cancer. Cette démarche a conduit à la formulation d’une nouvelle classification des troubles de l’adaptation en oncologie et à la création de l’entité clinique dénommée « syndrome de stress spécifique du cancer ». En fonction de sa présentation clinique, on distingue pour ce syndrome les sous-types dépressif, post-traumatique ou « dysallostatique » (mixte). Dans le présent article, nous examinons le rôle des glucocorticoïdes et leurs rapports avec l’un des mécanismes de la charge allostatique – en l’occurrence le défaut de contention du système immunitaire par l’axe hypothalamus-hypophyse-surrénale – dans la physiopathologie des états de stress en oncologie. Les théories contradictoires sont présentées – cascade des glucocorticoïdes versus défaut de signalisation des glucocorticoïdes – et les études de corrélation entre stress et cortisol en oncologie sont discutées de manière critique. Il résulte de cet examen un soutien substantiel à l’appui du modèle de la charge allostatique et de la phénoménologie post-traumatique en oncologie, mais de nombreux progrès doivent encore être réalisés avant de pouvoir élaborer des conclusions définitives dans ce domaine. De telles avancées pourraient, dans l’avenir, conduire à de profondes modifications dans notre compréhension et dans l’approche thérapeutique de la détresse psychologique des patients atteints de cancer, dans les dimensions tant pharmacologiques que psychothérapeutiques.