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Psychologie & NeuroPsychiatrie du vieillissement

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Le concept d‘apathie : intérêt et limites Volume 2, numéro 1, Mars 2004

Auteur
Université Paris VI, Faculté de médecine Pitié‐Salpêtrière

Dans les années 1990, les travaux de Marin ont défini l‘apathie comme un syndrome clinique caractérisé par une réduction d‘activité sous‐tendue par une perte de motivation que traduisent des manifestations cognitives (diminution d‘intérêt pour les activités sociales ou personnelles) et affectives (émoussement affectif). Le grand mérite de cette description est d‘avoir clairement montré que ce syndrome était distinct de la dépression et pouvait être observé chez le sujet normal, au cours d‘affections psychiatriques et, très fréquemment, chez des patients présentant des affections organiques cérébrales, notamment dans la maladie d‘Alzheimer. Toutefois, le concept de motivation est loin d‘être clair : c‘est une explication que nous donnons pour comprendre certains comportements. Seuls les comportements sont observables et l‘évaluation de la motivation ne peut qu‘être indirecte. De plus, le concept de motivation recouvre un ensemble complexe de processus de nature affective et cognitive. La motivation peut être comprise comme une variable énergétique univoque qui nous pousse à agir ou comme une force qui détermine la direction de notre comportement vers telle ou telle activité. Le concept d‘apathie et son évaluation sont basés sur la première conception. Il nous semble indispensable néanmoins de ne pas négliger l‘aspect qualitatif de la motivation ni la diversité des mécanismes responsables de ses perturbations. Le terme d‘apathie, comme celui d‘aphasie ou d‘anosognosie, est une première approche descriptive des troubles de la motivation. Seule une analyse qualitative peut nous permettre de dégager les mécanismes en cause pour obtenir une meilleure prise en charge des patients qui nous apparaissent comme démotivés.