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Le corps obèse et la tyrannie de l’idéal du corps Volume 14, numéro 7, Septembre 2018

Auteurs
Université Paris 6, Faculté de médecine, Département d’Enseignement et de Recherche en Médecine Générale, 91 boulevard de l’hôpital 75013 Paris, France
* Tirés à part

L’obésité est considérée comme la première épidémie non infectieuse de l’humanité. Aucune société n’est épargnée par ce phénomène croissant qui alerte les responsables sanitaires et politiques jusqu’à en faire un enjeu de santé publique. Si on en mesure aujourd’hui les conséquences, cela n’a pas toujours été le cas. L’obésité est un concept moderne en lien avec une mesure de la corpulence par l’indice de masse corporelle (IMC) qui classifie les individus, nous pourrions dire les corps. L’IMC détermine une norme corporelle entre des corpulences jugées trop faibles et d’autres jugées excessives. En deçà ou au-delà de ces bornes, les risques pour la santé augmentent.

La question de la norme corporelle n’est pas sans lien avec les représentations esthétiques. La place des « canons » pour désigner ce que serait un beau corps est venue télescoper le classement normatif de l’IMC pour progressivement imposer sa tyrannie de l’idéal de minceur.

La superposition d’un idéal du corps à l’idée de norme a pour conséquence une double disqualification des personnes en situation d’obésité : non seulement elles rompent avec l’esthétique mais sont suspectes d’une faiblesse psychique pour ne pas avoir été en capacité d’être les artisans opiniâtres de la maîtrise de leur corpulence. Le discrédit est double : laideur et mollesse corporelle et morale.

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