JLE

Hépato-Gastro & Oncologie Digestive

MENU

Place et controverse des bêtabloquants au cours de la cirrhose en 2017 Volume 24, numéro 10, Décembre 2017

Illustrations


  • Figure 1

  • Figure 2

  • Figure 3

Tableaux

Auteurs
Hôpital Jean Minjoz, service d’hépatologie et de soins intensifs digestifs, 25030 Besançon, France
* Tirés à part

L’efficacité des bêtabloquants non cardiosélectifs (BBNS) pour la prophylaxie primaire ou secondaire de la rupture des varices œsophagiennes n’est plus à démontrer. Avec l’aggravation de l’hypertension portale, la pression artérielle va progressivement baisser et la fréquence cardiaque va augmenter afin d’assurer une perfusion adéquate des organes (le rein surtout). L’utilisation des BBNS chez les patients cirrhotiques sévères en situation hémodynamique précaire (notamment après une infection spontanée du liquide d’ascite (ISLA) ou en présence d’une ascite réfractaire) augmente le risque de survenue d’un syndrome hépatorénal ou de décès en s’opposant à l’augmentation compensatrice du débit cardiaque. En cas de cirrhose décompensée ou devant toute situation faisant chuter la tension artérielle, les BBNS peuvent être transitoirement arrêtés ou de façon plus prolongée si l’état hémodynamique ne s’améliore pas. Plusieurs études relatent un effet néfaste des BBNS après une ISLA ou chez les patients ayant une ascite réfractaire mais ces conclusions restent fragiles car la plupart de ces études sont observationnelles avec un biais de sélection même en appliquant une approche statistique appropriée. Cependant, la surveillance régulière de la fonction rénale, de la natrémie et de la pression artérielle devrait permettre une utilisation plus adaptée des BBNS dans les situations hémodynamiques précaires. Ainsi, nos sociétés savantes n’émettent pas de contrainte particulière à l’utilisation des BBNS (propranolol et nadolol) à dose progressivement croissante en cas de cirrhose compensée ; le carvédilol, BBNS possédant aussi une action α1-bloquante, peut s’utiliser à des doses ne dépassant pas 12,5 mg/j du fait d’un risque accru d’hypotension artérielle. En cas d’ascite réfractaire ou d’ISLA, les BBNS devraient être arrêtés ou diminués surtout si la pression artérielle systolique est inférieure à 90 mmHg ou si la fonction rénale s’aggrave (créatininémie supérieure à 133 μmol/L) ; par ailleurs, les doses de propranolol et de nadolol ne devraient jamais dépasser respectivement 160 mg/j et 80 mg/j, et le carvédilol est à proscrire dans ces situations.