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Hématologie

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Différenciation mégacaryocytaire. Aspects cellulaires et régulation cytokinique Volume 28, numéro 3, Mai-Juin

Illustrations


  • Figure 1.

  • Figure 2.

  • Figure 3.

  • Figure 4.

  • Figure 5.
Auteurs
Inserm UMR1287, Gustave-Roussy, Villejuif, France
Université Paris, Gustave-Roussy, Villejuif, France
Université Paris-Saclay, Gustave-Roussy, Villejuif, France
Tirés à part : W. Vainchenker
Liens d’intérêt : aucun

La mégacaryopoïèse est le processus de différenciation qui aboutit à la production de plaquettes à partir de cellules souches hématopoïétiques (CSH). Ce processus se distingue des autres différenciations hématopoïétiques par plusieurs aspects : (1) la mégacaryopoïèse peut dériver directement de la CSH, surtout en cas de stress, (2) la mégacaryopoïèse et l’érythropoïèse sont deux lignées proches avec un progéniteur commun, (3) les mégacaryocytes sont en majorité des cellules polyploïdes géantes avec une polyploïdisation qui fait partie intégrante du système de différenciation et non dépendante uniquement d’un stress, (4) les plaquettes ont pour origine la fragmentation du cytoplasme du mégacaryocyte ; leur production dépend donc à la fois du nombre de ces mégacaryocytes et de leur taille, (5) le processus de fragmentation est actif et dépend de la protrusion de longues extensions cytoplasmiques appelées proplaquettes dans les sinusoïdes vasculaires de la moelle osseuse qui vont se rompre sous l’effet du flux sanguin, d’abord en préplaquettes, puis en plaquettes. Ces dernières années ont été marquées par des progrès considérables dans la compréhension des différents aspects de la mégacaryopoïèse ainsi que sur le rôle de la thrombopoïétine et de son récepteur MPL (pour myeloproliferative leukemia protein) dans la régulation de la production plaquettaire. Ces connaissances ont permis une meilleure compréhension de nombreuses pathologies, en particulier du mécanisme des thrombopénies et des thrombocytoses héréditaires ou acquises. Elles ont débouché sur de nouvelles thérapies, notamment le développement en clinique des agonistes du récepteur de la thrombopoïétine. Cependant, des données totalement inattendues ont été récemment obtenues, principalement par la technique de transcriptome à l’échelle unicellulare, et qui ont montré que la mégacaryopoïèse n’est pas un processus linéaire, conduisant ainsi à une hétérogénéité fonctionnelle des mégacaryocytes. Si la majorité des mégacaryocytes de la moelle osseuse sont impliqués dans la formation des plaquettes, il en existe deux autres types, l’un étant impliqué dans la formation de la niche hématopoïétique et régulant la quiescence des CSH, l’autre dans la réaction immune, avec des fonctions proches de celles des monocytes ou des cellules dendritiques. Par ailleurs, si la moelle est le principal site de la mégacaryopoïèse, le poumon en est un autre, le parenchyme pulmonaire hébergeant une différenciation mégacaryocytaire qui aboutirait essentiellement à des mégacaryocytes immuns. D’autres mégacaryocytes, d’origine essentiellement médullaire, seraient situés dans la circulation pulmonaire et impliqués dans la production plaquettaire. Ces données ouvrent de nouvelles perspectives quant au rôle des mégacaryocytes dans la régulation de l’hématopoïèse et dans leur rôle dans l’immunité innée, en particulier lors d’infections pulmonaires.